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Tant de choses passent à côté de notre intérêt simplement parce qu’elles ne trouvent pas en nous suffisamment de surface pour s’accrocher. La seule chose à faire, dans ces conditions, est de multiplier les facettes de notre esprit afin qu’un plus grand nombre de thèmes y trouvent place en même temps.

José Ortega y Gasset.

 

Twisp sentit son estomac basculer dans un moment d’hystérie à l’instant où la sphère de lumière froide entoura le corps du jeune Kaleb. Il avait envoyé un enfant dans les régions du nord et c’était un homme qui revenait. Il avait vu le même changement s’opérer chez le père de Kaleb et le même sentiment de perte irréparable lui fit courir un frisson glacé le long de l’épine dorsale. Il se raidit imperceptiblement au bord du bassin.

Il est exactement comme son père. Obstiné, sûr de lui, insurgé…

Le père de Kaleb, Brett, s’était insurgé à la vue des milliers de cadavres îliens entassés sur une place sirénienne. Il s’était insurgé à l’idée que des humains eussent le cœur d’assassiner des enfants dans leur lit et leurs parents en prière.

Une île entière délibérément coulée !

Twisp avait entendu parler par des témoins directs de la catastrophe de l’île de Guemes. Il avait vu de nombreuses représentations holo des survivants du carnage, mais Brett avait conduit les plates de sauvetage chargées de corps déchiquetés, il avait entendu les râles dans la gorge des mourants.

Comme en écho à ces pensées, la surface luisante de la sphère refléta quelques-uns de ces moments, d’une manière beaucoup plus claire que dans sa mémoire.

D’autres images y étaient mêlées, nébulisées, indistinctes, comme incertaines de leur propre existence. Il y vit la reproduction de scènes où Kaleb affrontait son peuple. Il avait résisté à la majorité qui voulait faire couler le sang de Flatterie et ils avaient décidé d’agir sans lui. Kaleb s’était dressé contre eux.

— Vous êtes prêts à vous faire tuer au combat, leur avait-il dit. Pourquoi ne pas vous faire tuer en portant à manger aux pauvres ?

Il allait envoyer à Flatterie une armée, mais une armée d’anges salvateurs aux bras chargés de vivres. Des centaines de pèlerins partiraient pour les camps de réfugiés et sur leurs tuniques on lirait ces mots : « Plus rien n’ira tant que tout le monde ne mangera pas à sa faim ! »

Twisp avait maintenant l’assurance que la haine de son jeune ami envers Flatterie ne ferait pas de lui un autre Directeur.

Ce n’est plus un enfant, se rappela-t-il, et il est maintenant en sécurité dans le sein d’Avata. Sa mère a su faire ce qu’il fallait pour cela.

Twisp n’avait pas oublié l’époque où c’était lui-même qu’il fallait convaincre et où Scudi Wang, la mère de Kaleb, l’avait pour la première fois branché sur les couloirs mentaux du varech. Son visage apparut alors lui aussi dans la sphère, et c’était le visage souriant de l’adolescente si mûre qu’il n’oublierait jamais.

Comment Brett aurait-il pu ne pas tomber amoureux d’elle ?

Twisp remit en place la grande natte blanche qui lui chatouillait le cou. Dans le halo qui entourait Kaleb, d’autres images de lumière se formèrent. Elles représentaient toutes des gens qu’il avait connus, et ils avaient une autre caractéristique en commun.

Ils sont tous morts !

Il entendit un gémissement sourd derrière lui. C’était sans doute Mose.

Au même moment, Kaleb se mua en une ombre claire à l’intérieure de sa sphère lumineuse et il sembla planer au-dessus du bassin plutôt que flotter à sa surface. Les apparitions, les images qui défilaient sans cesse autour de lui évoquaient des scènes de leurs passés respectifs. Twisp était impressionné mais il n’avait pas peur.

Tout tournait autour d’eux dans un halo pâle animé de pulsations légères comme celles des fontanelles d’un bébé. La même pulsation commença à agiter l’eau sur le pourtour du bassin. La foule massée là s’était tue brusquement, puis avait entonné le cantique du renouveau. C’était un hymne avec des répons, souvent repris à l’époque de la floraison, une improvisation sur un vieux thème que le grand-père et la grand-mère de Twisp chantaient déjà :

 

Ouvrez-vous, feuilles, ouvrez-vous, corolles…

 

Kaleb n’était plus du tout visible dans la lumière. Le halo dépassait maintenant en intensité tout ce que Twisp avait jamais connu, mais c’était une lumière froide qui ne faisait pas mal aux yeux. En fait, il n’arrivait pas à détacher son regard de cette sphère hypnotique.

— La lumière est partout ! s’écria une voix tremblante qui semblait venir du haut de la caverne. Elle est sur la mer, dans le ciel… partout !

Twisp reconnut les intonations haletantes de Snej, la jeune opératrice du Quartier central.

— Il y a des images dans la lumière ! cria une autre voix. Elles couvrent tout le ciel !

La caverne entière s’illumina au point qu’il fut impossible à Twisp de distinguer les visages de ses voisins zavatariens. Même Mose, qui était tout près, devint une simple tache de lumière dans la clarté ambiante.

La voix de Snej, cette fois-ci cristalline et joyeuse, annonça :

— Crista Galli est en sécurité. Plus personne ne risque rien. Les combats ont cessé.

La sphère de lumière devant Twisp rejoua la scène de la plage avec Ben et Crista affrontant Zentz et Spider Nervi. Il lui sembla qu’elle avait plus de réalité qu’un simple enregistrement. Bien que sa durée réelle fût d’environ une heure, Twisp en eut connaissance en l’espace de quelques battements. Des hourras s’élevèrent dans toute la caverne lorsque Nervi tomba et les images de la sphère montrèrent alors une autre caverne, avec en gros plan le visage terrorisé du Directeur.

Tout le monde devint grave et silencieux à la vue de Flatterie, à l’exception de quelques cris hostiles qui fusèrent au bord du bassin.

— Est-ce un miracle, l’Ancien ?

— Flatterie est maintenant obligé de sortir de son trou, expliqua Twisp. Je ne dirai pas que c’est un miracle, mais plutôt la réalisation de quelque chose qui était inéluctable. Avata a décidé qu’il était temps de faire connaissance avec le Directeur.

La clarté blanche à l’intérieur de l’Oracle se répandit pour envelopper chaque membre de l’assistance. Le plus sombre d’entre eux devint un éblouissement de lumière dans la lumière.

— Regardez, l’Ancien !

Twisp vit Mose écarter les bras comme pour voler et des ondes d’une épaisse lumière blanche sortirent du bout de ses doigts pour rejoindre la masse de clarté voisine. Bien qu’il fût impossible d’apercevoir ce qui se passait plus loin, Twisp comprit que le même phénomène se produisait pour chacun et que les ondes se fondaient ensemble dans la caverne. Il se souvint subitement du jour où il était enfant et où un bio-ingénieur cellulaire était venu rendre visite à sa crèche pour leur montrer quelques merveilles. L’une d’entre elles était un enregistrement holo en gros plan des courants cytoplasmiques intracellulaires d’une amibe en train de pomper des parties d’elle-même pour les injecter dans d’autres parties d’elle-même afin de se mouvoir, de capturer et de digérer des proies.

— Que sommes-nous ici ? se demanda-t-il à haute voix. Prédateurs ou proies ?

La réponse lui parvint dans une bourrasque qui le fit vaciller sur ses talons.

Tu es mon frère, comme je suis ton frère.

Ses longs bras se portèrent en avant au-dessus du bassin pour l’aider à conserver son équilibre. Une main sortit de la lumière du bassin pour agripper la sienne. Elle était bien réelle, et mouillée. Kaleb descendit de la racine de varech et fit un pas vers le bord du bassin sans lâcher la main de Twisp. La caverne autour d’eux s’était de nouveau emplie de brouhaha tandis que les Zavatariens consultaient Avata et se consultaient les uns les autres. Ils rencontraient les esprits de leurs ancêtres qu’Avata avait libérés des prisons de leur code génétique.

— Joignons nos mains et remercions Avata, demanda Kaleb.

Sa voix avait pris une nouvelle dimension qui imposa le silence aux conversations sans malmener les oreilles.

— Avata a démembré le monstre que Flatterie avait fabriqué à partir de notre peuple et il l’a fait prisonnier, reprit Kaleb. Il sera rééduqué, comme nous l’avons été, selon l’inaliénable droit de vivre de toute vie. Ce soir, il y aura à manger pour tout le monde. Les humains ne souffriront plus par la faute d’autres humains.

Tous ceux qui se trouvaient dans la caverne joignirent leurs mains et la lumière du bassin se coula dans l’assistance selon un mouvement circulaire qui la ramena à son point de départ. Visages et silhouettes s’illuminèrent tour à tour dans un carrousel d’images éblouissantes. Des exclamations d’émerveillement et des cris de joie s’élevèrent de partout.

Puis la caverne elle-même sembla se dissoudre. La voûte, les parois, la roche sous leurs pieds cessèrent d’être visibles. Twisp ne distinguait plus qu’un long serpent de gens qui se donnaient la main, entourés de ce qu’il ne pouvait décrire que comme un brouillard de lumière. Tous les Pandoriens étaient reliés à ce groupe et ils se dressaient tous ensemble au milieu d’une plaine infinie de lumière qui irradiait une chaleur bienfaisante. Pour la première fois, personne n’avait peur, ni de la faim, ni des démons, ni des gardes du Directeur.

Twisp se retira discrètement de cette cérémonie et quitta le bord du bassin. Après être passé chez lui pour enfiler sa robe de moine, il se rendit sur son rocher favori d’où il avait une vue plongeante sur Kalaloch.

Tout en bas, l’air de la nuit était limpide et la surface de la mer brillait d’un éclat argenté. Il entendit le ronflement cliquetant d’un vieux camion à chenilles qui gravissait péniblement la piste et ses réflexes furent soudain en alerte. Une Cushette suivait le camion de près. Sur les deux véhicules ahanants s’entassaient des montagnes d’affaires. Ces gens n’avaient pas perdu de temps pour quitter Kalaloch à la recherche de quelque chose de mieux, chargés de leur literie et de leurs espoirs.

— Soyez les bienvenus, murmura Twisp.

Sa voix était exubérante, mais son corps épuisé.

Ils ne le regretteront pas, se dit-il.

Il pensa d’abord à Kaleb, qui avait laissé son amertume derrière lui dans le varech et qui ne tarderait pas à amener les petits-enfants de Brett et Scudi sur les genoux du vieil oncle Twisp pour qu’il leur raconte de belles histoires de l’ancien temps.

D’après ce qu’il avait appris au contact du varech, il pouvait deviner ce que deviendraient les autres.

Ben et Crista formaient un couple pandorien dont l’union avait été consacrée par Avata. Ils aideraient, durant de nombreuses décennies à venir, à rendre la vie meilleure sur cette planète. Et Twisp avait eu l’impression, lorsque la lumière l’avait pénétré, que Rico et Snej ne s’établiraient pas très loin d’eux.

La nef spatiale Nietzsche, avec Alyssa Marsh à la barre, emporterait Mack et Béatriz au-delà des limites du contact lumineux avec Pandore. Elle permettrait aux humains et à leur symbiote de récente date, Avata, de découvrir un autre monde qui, s’il n’était pas parfait au début, rendrait du moins les humains heureux en leur donnant l’occasion d’œuvrer vers la perfection.

Un pressentiment lui disait que Youri Brood bénéficierait d’un sursis à bord du Nietzsche et aurait ainsi l’occasion d’acquérir le sens spirituel qui lui faisait défaut en s’occupant de sa mère, le N.P.O. Alyssa Marsh. Dans les circuits du varech, celle-ci avait trouvé un nouveau corps en même temps qu’un fils. Elle aurait tout le temps de méditer sur l’œuvre qu’elle envisageait de dicter à son fils et qui deviendrait le manuel de survie de l’humanité pour les générations à venir. Elle l’intitulerait Sociologie de l’Ascension. Et la cargaison de pèlerins qu’elle guiderait jusqu’à la bonne étoile peuplerait l’océan d’une nouvelle planète.

Bien que les jours de Pandore fussent comptés, Twisp y achèverait sa vie, errant d’une communauté à l’autre pour essayer d’améliorer le sort de chacun. Il savait à présent qu’il n’assisterait pas à la fin et il s’en réjouissait.

On m’appellera sans doute « l’homme des Hautes Marches », se dit-il.

Tout était calme au-dessous de lui. La lueur sortie de la mer pour illuminer Kalaloch était en train de retourner à la mer. Il restait juste à la surface un miroitement froid et surnaturel. Les deux lunes et les étoiles qui emplissaient le ciel faisaient luire ses cheveux gris. De temps à autre, une clameur de joie lointaine rompait le silence et Twisp tendait l’oreille tandis que les éclats de rire déchiraient dans la nuit l’ancien manteau de terreur et de mort.

 

 

FIN



[1] Disponible au Livre de Poche, dans la même série.

Le Facteur ascension
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